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Voyage vers la lune

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Parchemin's avatar
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Or donc, après avoir tenté de voler les gouttes de rosée pour que jusqu’à la lune elles m’attirent, je fus contraint de repenser mes plans. Il était manifeste que, quelle que soit l’attraction exercée par l’astre nocturne sur ces frêles soupirs de la nuit, jamais elles ne pourraient soulever le poids de ma personne jusqu’à ma blanche aimée.

Aussi, changeant du tout au tout mes opérations de pensée, je décidais, non plus de me laisser attirer, mais de projeter ma personne, par une belle nuit étoilée, suivant les principes bien connus de la combustion. Dans un crapaud de bois que j’avais préalablement construit, je délimitais quatre compartiments, déposant dans le plus haut tout objet nécessaire à la survie d’un vrai gentilhomme savant, tel qu’une boussole, un aréomètre, et bien d’autres instruments destinés à me permettre de percer les mystères du sol sélénin. Dans les trois parties inférieures, j’entreposais poudre de chine et explosifs pour assurer ma propulsion.

Par une belle nuit étoilée, la tête de mon crapaud dressée vers le firmament, je déclenchais le mécanisme qui allait successivement faire exploser les charges, me propulsant ainsi à travers l’éther. La première déflagration me précipita au dessus des villes et villages de ma douce France, tandis que la partie inférieure de mon édifice se vaporisait en une traine de féérie. La deuxième s’amorça avant que le crapaud ne redescende, et m’offrit une superbe vue de ce vieux continent qu’est l’Europe, alors que mon second compartiment chutait, lui, en direction des terres de Suède.

Il était trop tard pour faire marche arrière, la troisième charge explosa, me propulsant à égale distance entre cette bonne vielle terre toute parée de bleue, et ma chère lune d’une blancheur de lait. Les forces de gravité exercées à puissance égale par les deux astres stoppèrent alors mon esquif. Le troisième compartiment, fragilisé par les précédentes explosions, amorça alors son retour vers la terre, tandis que ma capsule restait suspendue dans l’espace,prisonnière des impulsions contraires.

J’aurais pu demeurer ainsi immobile, coincé entre celle que je n’avais que trop parcourue et celle que je voulais tant connaître, mais la prudence était ma compagne depuis mes dernières aventures. Sous mon siège, une quatrième charge que j’avais habilement dissimulée dans un coussin de soie se déclencha, me propulsant sur la surface de ma belle amie. L’atterrissage eût raison de ce qu’il restait de mon vaisseau céleste, ainsi que de mes instruments. Et c’est ainsi que j’arrivais sur ma lune bien aimée, ma chemise arrachée, l’étendue devant moi éclairée par le feu que la charge, sur mon fond de culotte, avait allumé.
Hop, et voici ma participation pour la collab du forum francophone

Thème du jour : avoir le feu au cul....
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Maiyanne's avatar
Je vais chipoter, mais le dernier atterrissage est en fait un alunissage, non ?
Texte très sympa, as usual! ;)